Alors que la spéculation immobilière bat son plein, de nombreux vannetais sont dans la détresse la plus grande. La solidarité envers les Ukrainiens, victimes de la guerre, alimentée depuis plusieurs années par le conflit politico-financier qui oppose les deux empires de l’Ouest et de l’Est, tend à faire oublier les priorités locales. « Ce ne sont pas moins de 400 Ukrainiens, dont des orphelins, qui sont attendus dans la ville prochainement »annonçait, le 25 mars dernier, M. Azgag, maire-adjoint aux affaires sociales et à la politique de la Ville, directeur général de la CPAM du Morbihan depuis 21 ans, conseiller départemental, à la tête d’une société civile immobilière qui permet de bénéficier d’une fiscalité avantageuse.
Erwin est quant à lui en attente de logement depuis novembre 2020. Après la perte de son emploi dans une société de transport routier et une séparation, cet homme a fait une demande de mise à jour de son dossier le 18 octobre 2021. Il ne cesse de procéder à des démarches administratives pour retrouver un domicile auprès des assistants sociaux et des bailleurs sociaux. En vain, en dépit de sa demande de logement prioritaire, il est sans domicile fixe depuis décembre. Jusque-là hébergé dans des hôtels, il doit en libérer la chambre pour l’accueil des réfugiés ukrainiens. Dans l’attente d’une solution, Erwin dort dans sa voiture, avec sa chienne Louna, qu’il a adopté et sauvé de la maltraitance pour lui apporter l’affection dont elle avait besoin. Et comme il y a sur cette Terre de belles âmes, c’est alors qu’une famille l’épaule en lui offrant notamment le couvert (petit-déjeuner, déjeuner, dîner) et l’accès à la douche. Erwin ne baisse pas la garde, il enchaîne les courtes missions en intérim pour survivre et pour se payer une chambre d’hôtel dans la mesure du possible.
Il y a 3 semaines, notre homme, atteint profondément dans sa dignité et usé par le combat qu’il mène, a voulu mettre fin à ses jours sur un chantier vannetais. Réanimé à l’hôpital Chubert de Vannes (CHBA), il tient aujourd’hui à tirer la sonnette d’alarme, au nom de toutes les personnes qui ne peuvent plus joindre les deux bouts.
Combien de temps allons-nous encore supporter l’irrationnel ? Combien de temps allons-nous encore accepter que nos concitoyens soient contraints de choisir entre la rue ou l’exil ?