Nathalie Loiseau à l’honnêteté de souligner le plus simplement possible que la France en Marche, c’est le recul de la Bretagne.
Invitée de Dimanche en politique sur France 3, la ministre française chargée des Affaires européennes auprès du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, répondait aux questions de Francis Letellier. D’emblée le ton est donné par le présentateur : « ces régions qui veulent faire bande à part ». Un Etat comme la France ne fait donc pas « bande à part » mais si un autre Etat naît en dehors des puissances européennes actuelles, c’est qu’il fait « bande à part »… Ca respire de rusticité ; on sait aussitôt à quoi s’en tenir.
Interrogée sur l’élection de la nouvelle Assemblée de Corse et sur les derniers événements en Catalogne, Mme la ministre définit que ni la Corse, ni la Catalogne n’ont vocation à remplacer l’Etat. Quant à leur possibilité de traiter directement avec l’Europe, elle considère que « ce n’est pas comme cela que ça marche ». Le présentateur, Francis Letellier a très justement rappelé que certaines régions sans Etat sont pourtant représentées directement au parlement européen en citant la Bavière « négociant et représentée directement à Bruxelles ». La seule réponse de Nathalie Loiseau a été tout d’abord de citer maladroitement l’existence de la « maison Bretagne » à Bruxelles puis de répondre que les « régions profitent » des fonds structurels européens. Le Gwenn-ha-du étant visible en fond d’écran lors de l’émission, nous sommes amenés à comparer la part versée par les contribuables bretons à la France, celle versée à l’Europe, et son retour en investissements en Bretagne. Et là, de conclure que nous donnerions bien des cours de mathématiques à Mme la Ministre !
Concernant précisément la Catalogne, Nathalie Loiseau rappelle avec entêtement que le seul interlocuteur de son gouvernement restera Madrid. Elle estime de toute façon que les élections en Catalogne se sont passées de « manière opaque » et « contre la constitution espagnole ». Chaque personne un tantinet intelligente remarquera que d’opacité il n’y avait que le tumulte né de la violence des troupes espagnoles dans les rues et dans les bureaux de vote de Catalogne. En outre, l’attitude européenne est à géométrie variable selon s’il s’agit du Kosovo, berceau historique de la Serbie, ou de la Catalogne, nation historique qui a proclamé pour la 5ème fois son indépendance dans l’Histoire et dont le parlement est élu démocratiquement. On serait amené à poser cette question : Mme Loiseau, chargée des affaires européennes, connaissez-vous l’Europe ?
Enfin, on atteint le fond lorsque le sujet de la ratification de la Charte des Langues minoritaires par la France est abordé, « l’un des derniers Etats à ne pas l’avoir signée » rappelle le journaliste-présentateur. La ministre brille encore de simplicité dans la réflexion mais est ô combien franche ! « Ce n’est pas une priorité, ce n’est pas dans le programme d’Emmanuel Macron ». Il y a selon elle des enjeux beaucoup plus importants qui doivent « éviter de nous diviser », dit-elle. Ainsi, il faut d’après Mme Loiseau « unir nos concitoyens » face :
- « Au changement climatique » : la France est l’un des Etats les plus pollueurs au monde. Cela s’explique par la métropolisation systématique favorisée par l’émergence de grandes régions artificielles ; son centralisme, entraînant des déplacements importants ; le frein que l’Etat a mis constamment aux « Régions » qui choisissaient le développement des énergies éoliennes, marémotrices, hydrauliques, photovoltaïques... En revanche, les nations ayant récemment acquis l’indépendance et les régions à large autonomie sont des exemples en matière d’économie d’énergie et de politique de développement d’énergies plus propres sur le long terme. La Communauté Autonome Basque s’engage dans la voie de l’indépendance énergétique tout en étant aujourd’hui parmi les dix régions dont le niveau d’industrialisation et le niveau de richesse sont les plus élevés d’Europe, aux côtés de la Bavière, du Bade-Wurtemberg, de la Lombardieet de la Haute-Autriche.
- « La régularisation de la mondialisation » : comment, Mme Loiseau, comptez-vous réguler la mondialisation en gommant délibérément les cultures originelles, donc les différences ? Car, c’est bien la politique en place depuis des décennies au sein des territoires couverts par l’Etat français et à l’extérieur, en faisant votre joujou économique colonial, votre réserve de main d’œuvre à bon marché et votre terrain d’entraînement militaire des immenses territoires de l’Afrique et d’ailleurs. Ce n’est pas la conception culturelle ni l’ambition politique des nombreuses nations sur la voie de la souveraineté.
- « L’unité contre le terrorisme »… Allez dire cela à la police autonome catalane qui a brillé par son efficacité lors de l’attentat sur les Ramblas à Barcelone. Et ce, en dépit de la rétention d’informations des services de renseignements espagnols qui n’avaient pas daigné travailler en bonne intelligence avant et après le tragique événement. Peut-être que sans ce fonctionnement égoïste et sans vos guerres économiques, nous éviterions des milliers de morts en Europe, des millions ailleurs ?
Et le bouquet final de la bouche d’une ministre détone de balourdise : - « on ne se disperse pas » ; « il y a des occasions pour que les cultures régionales s’expriment autrement ». Et c’est ça que de nombreux élus locaux représentent ici… Et si ces derniers étaient tentés de rétorquer qu’elle est seule maître de ses propos, c’est que Loiseau vole de ses propres ailes mais ça ne décolle pas bien haut. Bref, en attendant ils marchent bien ensemble vers... ?