03 Nov
03Nov

Alors que les cinq départements bretons pansent leurs plaies après le passage de la tempête Ciarán, l'heure est au bilan. 

Le premier constat venant à l'esprit est que les dégâts sont importants mais moins que ceux de l'ouragan de 1987. La chapelle Saint-Michel, au sommet du Manez-Gwenn (Mané-Guen dans l'orthographe en français), n'a pas subi de dommages, alors qu'elle était dévastée en 1987 par les puissantes bourrasques et la foudre. 

Pourtant, le site a été bien défiguré mais ce n'est pas tant la tempête. 

Voici quelques photos prises au lendemain de la nuit très agitée. 


Comme tout un chacun pourra le constater, le paysage reste magnifique et peu d'arbres feuillus sont tombés. En revanche, les pins, aux racines peu profondes sont tombés ou ont été décapités. Mais il y a bien d'autres dégâts visibles et ils sont la main de la municipalité ou de nouveaux propriétaires du site, très probablement. 

Après la destruction du magnifique hêtre centenaire classé parmi les arbres remarquables de Bretagne (150 ans, 20 mètres, circonférence 3,50 m ; photo. 1) ; l'abattage total des hêtres autour de la chapelle N.-D. de Maneguen, il y a quelques années, voici la destruction d'une ancienne délimitation de champ médiévale (et peut-être un site bien plus ancien) à la suite de l'abattage de nouveaux arbres. Vous remarquerez une tentative de "reconstruction" du mur mais c'est grossier. Les terrains sont privés, certes, mais ça ne justifie pas d'y faire n'importe quoi. Photo. 2, 2018 ; photo. 3, mars 2022. Il y a de fortes chances que le chêne abattu arbitrairement juste à côté soit tombé sur ces pierres.

Sur la photo. 4, des résineux ont été plantés il y a longtemps, acidifiant les sols. Actuellement, ils sont remplacés par une essence encore pire pour la préservation du site : des pins (absence de photographie), plantés sans aucun espace entre eux. L'équilibre de l'espace naturel est bouleversé par ces arbres stérilisant les sols et aggravant leur assèchement. L'ensemble de la pente sera en proie aux incendies. Ensuite, l'érosion détruira les sols irrémédiablement. 

Un peu plus loin, des arbres coupés massivement, en train de pourrir... (Photos 5, 6, 7, 8). Ils sont entassés grossièrement entre des feuillus de haute futaie. 

Enfin, sur les trois derniers clichés (9, 10, 11), cette notion de la propriété agressive n'existait pas en Bretagne. Ici ou ailleurs, les nouveaux propriétaires ont importé en Bretagne une notion bien française, contraire au partage de la terre, de la notion d'un patrimoine commun : murs, barrières, fils électrifiés, panneaux d'interdiction, accaparement de témoins de l'Histoire (ici, des menhirs).  Il y a quelques années, il arrivait de traverser un bois privé, comme tout autre espace non-bâti et non-cultivé de céréales ou de légumes, en étant salué chaleureusement par le propriétaire. Nous en sommes désormais bien loin. Certes, les incivilités sont croissantes ; c'est aussi l'empreinte d'un changement culturel récent. 




Et si, pour le bien commun, la notion de propriété privée était à repenser dans un monde où les repères culturels et intellectuels s'effondrent ? 

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