La spéculation immobilière est un problème universel. Partout, il y a des plus riches pour acheter des résidences secondaires ou se payer une retraite dans un endroit touristique. La spéculation pose question au moment où les locaux doivent faire leurs valises ou habiter en HLM pour tenter de rester proches de leur lieu de travail et de vie en général.
Les nouveaux occupants sont souvent condescendants : « ils apportent un plus à l’économie », comme ils se complaisent à nous dire, voire ils nous apportent la civilisation tout court. On retrouve là le vieux discours colonial de Jules Ferry, « apportant un devoir de civilisation aux races inférieures ». Certains vont botter en touche en disant que la problématique étant mondiale, en Île-de-France ils sont confrontés au même souci. Personne ne le niera et c’est bien ça le sujet. Mais c’est d’autant plus dramatique quand ils cassent des liens sociaux anciens, dépècent une population stable, et qu’ils en brisent l’assise culturelle et les réseaux économiques intimement mêlés. Oui, après nous, lorsque nous avons fait nos valises, ce sont eux. Et c’est la question à Barcelone, à Donostia… partout. Et toujours dans la problématique, les Français sont connus pour être les plus méprisants, ils foulent du pied les autochtones.
Alors qu’apportent-ils réellement ces Français aisés lorsqu’ils acquièrent de l’immobilier en Bretagne ou ailleurs ?
- Un nouvel esprit, souvent bien cul-cul : on les voit déambuler en marinière et ciré jaune, en bottes sur le goudron ou avec leurs chaussures de marche et le petit sac croisé dans le dos pour parcourir 300 m… Quand ils n’ont pas les bâtons de marche. Ils sont ridicules... Ils vont chez « leur crémier », « leur boulanger », « leur banquier ». Ils font leurs courses au marché avec leur petit panier d’osier en donnant des leçons aux autres : ce sont les plus bios, ceux qui prennent leur vélo… En réalité, ceux qui peuvent habiter en centre-ville et qui ne travaillent pas. C’est aussi cette nouvelle notion de la propriété qu’ils ont importée avec eux : les murs de séparation poussent partout, le Français défend sauvagement « son » territoire… Il va jusqu’à empêcher l’accès au littoral. Ce ne sont que des exemples, qui pourraient être comiques, s’ils n’avaient pas autant d’effets sur notre quotidien. Le Français est égoïste, il se sert et partage peu.
- Les centres-villes deviennent de grandes maisons de repos : les commerces ne répondent plus aux besoins de première nécessité, ils vendent du folklore et leur devanture change régulièrement au rythme du turn-over des enseignes et des gérants. En périphérie, les zones commerciales plus populaires s’étendent à perte de vue. Elles sont moches et paralysent la ville mais nous n’avons pas le choix de nous approvisionner, dans la vie réelle du travailleur lambda. Ces villes au modèle inspiré de l’absurde où les administrations et les services publics importants doivent déguerpir en zones commerciales et industrielles, avec l’appui des élus collaborant à ce désastre.
- Les entreprises doivent déménager, les actifs en même temps. Les emplois tournés vers le tourisme et les services à la personne se développent, au détriment d’une économie diversifiée et créatrice d’emplois durables dans différents secteurs. Par conséquent, des écoles ferment, des services publics se déplacent ou disparaissent totalement de certains secteurs. Le cœur des agglomérations ressemble à un musée.
- Les retraités locaux se paupérisent ; les actifs au salaire moyen doivent cotiser de plus en plus, rivaliser de générosité non reconnue, parfois méprisée, pour pallier la confiscation des impôts au profit de Paris (baisse des dotations) ; les demandeurs d’emploi se clochardisent…
- Des lotissements palliatifs et dortoirs viennent accueillir la population chassée. Les bourgs aux alentours des agglomérations sont défigurés, sertis par ces logements ne respectant pas toujours l’architecture locale. Ces constructions rapides engendrent le déboisement et la destruction de zones naturelles importantes. L’impact est irréversible sur l’environnement.
- Les services de santé se trouvent engorgés par l’arrivée d’une population âgée et souvent moins bien respectueuse de la Sécurité Sociale que le n’étaient les Bretons ; un peu trop exemplaire en ce domaine d’ailleurs. Le Breton aide la Terre entière mais s’oublie.
C’est sur ce dernier point qu’une mesure urgente doit être prise : l’accès aux soins et l’assurance de la qualité du système de santé. Un hôpital comme Vannes a un financement régional, avec ce qu’il reste de ce que nous n’avons pas versé à Paris, et il doit subvenir à une population de plus en plus importante sur un territoire compliqué (terre, mer, îles…). Cet hôpital est plus important que la majorité des hôpitaux au statut « national » car l’Etat ne veut pas payer. On peut dire que ces salariés, toute profession hospitalière confondue, ont beaucoup de mérite. Comment voulez-vous que les collectivités territoriales qui se sont vues déléguer des compétences sociales et dans le domaine de la santé puissent répondre aux besoins, sans transfert de budget et avec la suppression de taxes locales ?
Dans un tel contexte, l’accès aux soins, notamment aux services d’urgence, se retrouve congestionné.
Il reste donc une seule solution d’urgence, qui va faire grincer des dents les nouveaux résidents venus d’Île-de-France essentiellement : faire payer la région d’origine. C’est logique, juste, et il s’agit même d’un maigre retour de nos finances pour répondre aux besoins de l’ensemble de la population.